L’ASER travaille autrement

Pour exprimer la zone d’intervention de l’ASER, nous disons souvent qu’il s’agit d’une soixantaine de communes autour de Brignoles et que la zone peut s’agrandir au gré des opportunités. Ce n’est pas une stratégie facile à tenir. Le public est tellement habitué aux limites conventionnelles telles que commune, canton, arrondissement, devenues aujourd’hui communauté de communes ou d’agglomérations, pays, etc. qu’il lui semble parfois que nous ne pouvons en fait intervenir nulle part. Il est vrai que chaque village a son association patrimoniale aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas lorsque nous avons fondé l’ASER en 1977.

Par rapport aux autres associations, la singularité de l’ASER est d’être du centre du Var, ce qui n’est pas une zone officielle mais qui exprime bien le fait que nous ne travaillons, ni sur le Var littoral, ni dans la zone du Verdon : ce qui ne nous empêche pas, depuis quelques années, de prospecter la zone occidentale des Maures, par exemple. Une autre spécificité de l’association est d’œuvrer sur des thématiques ciblées et de les approfondir, régulièrement. L’ASER a été la première à travailler sur le charbonnage, l’huile de cade, les glacières, la pierre sèche, le pastoralisme ou les peintures post-glaciaires ce qui aujourd’hui constitue le principal sujet de prospection des associations locales : à ne cibler que sa commune, le risque est de donner à penser que les structures et les pratiques qui vont avec n’existent que là. A ce titre, l’ASER a organisé des missions hors du Var (glacières de Catalogne ou du Latium, pastoralisme en Ligurie ou en Béotie, peintures et gravures en Ardèche ou en Lozère, etc.) et a toujours ouvert le Cahier de l’ASER à des articles présentant des études lointaines sur les thématiques qu’elle étudie (huile de cade en Catalogne, décorations de coquillages dans le nord de la France, apiculture en Languedoc, etc.).
Enfin, et sans que l’inventaire de ses particularités soit complet, l’ASER publie des études qui ne s’arrêtent pas aux inventaires de structures, mais propose des analyses qui dépassent souvent le simple cadre centre-varois et même innove dans les thématiques : lavoir désaffecté, galerie drainante, tags et graffs, "merveilleux" Carami, acoustique des sites ornés, etc. : en fait, une autre façon de penser ce qu’est le patrimoine.

Sans omettre les monuments et les sites archéologiques, ce sont aussi les pratiques des populations, au quotidien, qui intéressent l’ASER. Le patrimoine se fait devant nous : pourquoi ne pas analyser les petits faits sociaux qui se déroulent aujourd’hui et qui ne sont pas toujours les plus faciles à comprendre ?