Eté 1997. Après un long voyage en train et en bus, j’arrive à la gare des cars de Brignoles. C’est Philippe qui vient me chercher. En fait d’archéologue en bermuda beige -c’est ainsi que me représentait ce type de chercheur- c’est un homme un peu ébouriffé, en jeans et au large sourire, qui m’accueille. Encore vingt minutes de voiture et me voilà à Mazaugues. Au château, puisque c’est bien dans un château que nous sommes logés, il me présente ‘Ada, Eugénie, Roland, Cyrille et les fouilleurs déjà présents.
Je vais passer un rapide coup de fil à la cabine téléphonique pour rassurer mes parents. J’ai 16 ans, c’est la première fois que je pars sans eux, c’est d’ailleurs presque la première fois que je quitte mon Auvergne natale.
La soirée se passe gaiement : nettoyage des silex, préparation du repas, souper agrémenté de longues discussions et d’une tisane de romarin.
Le lendemain, un bon petit déjeuner avant de partir à la Bergerie des Maigres. Un grand bol de café, du pain frais de la boulangerie de Mazaugues, de la confiture mais… pas de beurre ! J’ai d’abord cru à un oubli. Mais tout le monde avalait ses tartines sans rien du tout entre le pain et la confiture. Je ne voulais pas me faire remarquer, alors j’ai fait pareil.
Ce n’est pas mon meilleur souvenir, pas le pire non plus, encore moins le plus édifiant. Mais ces tartines me rappellent qu’être à l’ASER, pour moi, c’est aller à la rencontre des autres : autres personnes, autres cuisines, autres lieux, autres temps… Près de 25 ans plus tard, je suis encore là mais je mange quand même mes tartines avec du beurre … salé.
Virginie Riou