C’est avec un profond chagrin que nous avons appris le décès de Jean Nicod, survenu le 2 avril dernier à l’âge de 98 ans.
Né en 1923, il a obtenu l’Agrégation en 1947 et entamé cette même année une thèse de doctorat d’Etat (Recherches morphologiques en Basse-Provence calcaire) soutenue en 1967. Sa carrière universitaire s’est déroulée essentiellement à Aix-en-Provence, à partir de 1959, avec une affectation à Nice de 1965 à 1968 (prolongée pendant plusieurs années par un service partagé entre les deux Université). Nommé Professeur, il a pris sa retraite en 1989, restant émérite jusqu’en 1993.
Jean Nicod s’est imposé comme la figure référence de la karstologie française. Fondateur et directeur (1971-1983) de l’ERA 282 du CNRS ("Evolution karstique dans les milieux méditerranéens et alpins"), il a également fondé l’Association Française de Karstologie dont il a assuré la présidence de 1977 à 1986. La liste impressionnante de ses publications (ouvrages et articles) ne se limite pas à la Provence qu’il a tant aimée. Il a aussi mené une brillante carrière internationale, en partie en lien avec certains de ses élèves, mais surtout à travers des contacts avec des personnalités comme Andrej Krank, Marian Pulina ou Karl-Heinz Pfeffer. En 1994, il a été fait Docteur honoris causa de l’Université de Silésie (Katovice-Sosnowiec) et il était membre correspondant de l’Académie des Sciences et Arts de Slovénie (SAZU Ljubljana) depuis 2002.
Malgré cela, Jean Nicod était resté modeste, valorisant le travail des autres et usant de ses propres qualités sans aucune suffisance. Je peux en outre témoigner qu’il savait prendre ses responsabilités pour empêcher une injustice. Avec ses amis Maurice Julian (Nice) et Jean Vaudour (Aix-en-Provence), ils étaient trois personnes respectables dans un milieu où tant de mauvais coups sont distribués.
Tous ses élèves et même la quasi-totalité de ceux qui l’ont connu ou simplement approché, l’ont apprécié, pour ses immenses connaissances, mais aussi pour sa gentillesse et sa courtoisie. Il va énormément nous manquer.
Nous présentons à son fils, Pierre-Yves Nicod, nos sincères condoléances.
Claude Martin
P.S. Jean Nicod était membre de l’ASER depuis une trentaine d’années.